samedi 14 juillet 2007

Ispahan

Ispahan

Ispahan ou Esfahan a été capitale de l'empire perse sous la dynastie des Safavides entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Elle est située à 340 kilomètres de la capitale, Téhéran, et est la troisième ville d'Iran (après Téhéran et Mashhad), avec 1 600 554 habitants en 2006.
La ville compte de nombreux monuments islamiques, construits entre le XIe et le XIXe siècle. La place Naghsh-e Jahan est classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO depuis 1988.
Ispahan est située au centre du plateau iranien, à 1574 m d'altitude à l'est de la chaîne des Zagros. Elle a été fondée dans la plaine du Zayandeh rud au bord de ses rives. Ce site est une oasis au milieu de l'aride plateau iranien. Le Zayandeh rud est une des seules grandes rivières permanentes du plateau iranien; elle se jette dans un lac salé (lac Gavkhuni) dans le désert. Le bassin du Zayandeh rud qui couvre 41 500 km² au centre de l'Iran, est rattaché à l'histoire d'Esfahan, puisque la ville est le centre de ce bassin, et que la ville en tire son importance historique et économique dans l'histoire du pays.
Ispahan est située au centre des routes qui traversent l'Iran du Nord au Sud ou d'Est en Ouest, sur les routes commerciales entre la Chine et l'empire Ottoman, et entre le golfe Persique et la Russie. Cette position stratégique économiquement parlant, la fertilité des terres entourant la ville, le climat ; rendu plus frais par l'altitude; ainsi que la présence d'eau en abondance dans un pays aride ont été des éléments déterminants pour le développement et également pour le maintien de cette ville en tant que centre urbain qui a survécu à des cycles de prospérité et de déclin.
En 1597-1598, Shah Abbās Ier (roi depuis 1588) déplace la capitale de l'Iran de Qazvin à Ispahan, choisissant un emplacement plus éloigné des menaces de l'empire Ottoman, et également plus central dans l'Iran unifié par son ancêtre Ismail Ier ; premier roi safavide qui a décidé la conversion de l'Iran au chiisme duodécimain.
Shah Abbās, qui était un administrateur énergique, prend en main le développement de la ville d'Ispahan, sa nouvelle capitale. Il commencer par déplacer de force plusieurs milliers d'Arméniens depuis Jolfa au nord-ouest de l'Iran où ils étaient harcelés par les Turcs Ottomans, et les installe dans un quartier de l'autre côté du Zayandeh Rud, leur autorisant la construction de leurs églises et comptant se servir de leurs capacités de marchands.
C'est le roi lui-même qui planifie l'urbanisme de sa nouvelle capitale, en s'inspirant de la ville de Herat, qui était alors encore le centre culturel de l'Iran (la ville se trouve aujourd'hui en Afghanistan). Shah Abbas veut faire de sa nouvelle capitale un centre culturel qui éblouira les voyageurs occidentaux (c'est en effet à l'époque safavide que se sont développés les liens diplomatiques avec les pays occidentaux) .
Shah Abbas, quand il planifie la ville, garde les éléments existants et les intègre au nouvel ensemble qu'il va créer. Il reprend les fonctions principales dans la place qu'il créé, meydān-e Shah (« place du roi »), à proximité d'un ancien jardin de l'époque seldjoukide qui portait le nom de Naghsh-e Jahān (« carte du monde » ; la place est d'ailleurs appelée indifféremment meydān-e Shah ou meydān-e Naghsh-e Jahān). Cette nouvelle place mesurant 510 mètres de long sur 164 mètres de large, est entourée des bâtiments fonctionnels qui existaient autour de l'ancienne place centrale : deux mosquées (Masjed-e Shah au sud et Masjed-e Sheikh Lotfollah à l'est), un palais à l'ouest (Ali Qapu) et une entrée vers le bazar (entrée appelée qeysariyyeh), qui est agrandi pour arriver jusqu'à l'extrémité nord de la place. Autour de la place sont construits des magasins sur deux étages sur tout l'espace laissé libre entre les bâtiments, entouré d'un chemin couvert comme dans les bazars. L'aile occidentale est consacrée aux magasins pourvoyant aux magasins royaux (biens de luxe, or et bijoux), l'aile sud est consacrée aux libraires, relieurs et marchands de cuir. Les marchands d'artisanats se concentrent dans l'aile est et l'aile nord accueille les lieux publics.
La zone située à l'ouest du nouveau meydān accueille les palais royaux. Une large avenue plantée d'arbres, le Chāhār Bāgh (« quatre jardins ») est créée à l'ouest des palais, orientée vers le sud-est, en direction de la rivière Zayandeh roud. Cette avenue d'apparat de 1600 mètres environ débute à une place nommée Jahān Nāma (« Vue sur le monde ») ; elle est bordée de palais et de résidences royales ou des membres de la cour, continue jusqu'au pont Allaverdi Khan et au delà de la rivière jusqu'aux jardins appelés Bāgh Hezār jarib, construit sur un plan carré de 116 mètres de côté environ. Le boulevard était alors bordé de chaque côté par des jardins clos rectangulaires, appelés « Jardins des Vizirs » de taille équivalente et d'une profondeur par rapport au boulevard d'environ 180 mètres. Ces jardins était propriété de membres éminents de la cour et avaient tous un pavillon en leur centre. Toutes ces créations ont été organisées par Shah Abbas.
Ispahan devient, à partir du règne de Shah Abbas Ier, la métropole des arts et des sciences islamiques et le centre de la culture spirituelle en Iran. Tous les penseurs iraniens de la renaissance Safavide qui éclosent à cette époque sont ainsi regroupés sous l'appellation d'« école d'Ispahan »..
Les souverains Safavides qui succèdent à Shah Abbas continuent d'embellir la ville. Le pavillon Hasht Behesht (« des huit paradis ») est construit par Shah Suleyman en 1670, la Madreseh de Shah Soltan Hossein est construite au début du XVIIIe siècle. La ville comptera jusqu'à 162 mosquées, 48 écoles coraniques, 182 caravansérails et 173 bains publics à la fin du XVIIe siècle.

Climat

Le climat d'Ispahan et de la région qui l'entoure est semi-désertique. Les précipitations, la plupart ayant lieu durant les mois d'hiver, entre décembre et avril. Durant l'été, il n'y a aucune précipitation. Les températures sont chaudes en été, avec une moyenne de 30°C en juillet, et plutôt fraiches en hiver, avec une moyenne de 3°C en janvier.

Economie

Depuis la renaissance safavide, Ispahan a acquis une importance particulière sur le plan économique en Iran. Le fait que la ville soit située au milieu d'une oasis a permis à cette zone de disposer d'une agriculture irriguée, améliorée par les travaux de canalisation entrepris par Shah Abbas Ier. Les artisans urbains ont toujours produit des articles et ustensiles utiles aux populations, mais l'établissement de la capitale des safavides à Ispahan, ainsi que le rayonnement culturel de la ville, a permis de créer une industrie des marchés de luxe à cette époque : joaillerie, textiles tissés, tapis, objets décoratifs et manuscrits ont été produits en masse à l'époque safavide. L'activité manufacturière d'Ispahan a d'ailleurs perduré jusqu'à l'époque Qadjar.
L'industrialisation d'Ispahan date de la période Pahlavi et a été marquée à cette époque par la forte croissance de l'industrie textile, qui a valu à la ville le surnom de « Manchester de la Perse ». A la fin des années 1930, les usines textiles de la ville emploient plus de 5 300 ouvriers. Cette forte croissance a eu lieu après le boom des années 1953 - 1959 en Iran, et a donné lieu à l'expansion de l'industrie du textile d'Ispahan et d'autres usines privées produisant des biens de consommation pour le marché local et national.
Depuis les années 1990 et la création d'une industrie sidérurgique importante en Iran dans le cadre d'une nouvelle stratégie d'industrialisation nationale, Ispahan accueille une industrie de l'acier parmi les plus importantes d'Iran ; les autres centres de production d'acier en Iran sont situés à Mobarakeh (dans la province d'Ispahan) et à Ahvaz.. L'économie d'Ispahan permet également de produire également 710 000 tonnes de ciment par an et de l'essence, puisque la ville accueille une des 6 raffineries de pétrole du pays.
Le centre de technologie nucléaire d'Ispahan (mis en place en 1982) est un site de recherche nucléaire qui opère actuellement quatre petits réacteurs nucléaires pour la recherche, tous fournis par la Chine. Il est opéré par l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran. Le site d'enrichissement de l'uranium d'Ispahan convertit de l'uranium concentré sous la forme de yellowcake (uranium concentré sous la forme U3O8) en hexafluorure d'uranium (UF6). Fin octobre 2004, le site est opérationnel à 70% avec 21 ateliers pour 24 en fonctionnement. Il existe aussi une usine de production de zirconium, située à côté, qui produit les ingrédients nécessaires aux réacteurs nucléaires.
Isfahan accueille également le siège de HESA (Compagnie industrielle de production d'avions d'Iran), qui produit le IR.AN-140, une production de l'Antonov An-140 sous licence.

Tourisme

La province d'Ispahan est la troisième province d'Iran en termes d'accueil de touristes. Le fait que la place Naghsh-e Jahan soit inscrite au patrimoine mondial de l'humanité et plus généralement, l'offre touristique de la ville (bâtiments historiques, artisanat, etc.) attire de nombreux touristes domestiques et également des touristes étrangers.
L'offre touristique d'Ispahan se développe rapidement et vise à attirer des touristes du monde entier. Le nombre de visiteurs en 2002 a dépassé 200 000 touristes. Cette augmentation serait dûe à l'augmentation de l'infrastructure touristique de la ville et aux prix intéressants par rapport à d'autres pays.
La municipalité d'Ispahan a mis en place un certain nombres de mesures pour développer le tourisme dans la ville : coopération internationale, amélioration de l'offre d'hébergement, amélioration des transports, plan de communication.

Transports

La métropole d'Ispahan a connu un développement très important du trafic automobile qui a accompagné la croissance de la population de la ville. Cette augmentation du trafic automobile a entraîné une augmentation de la population et des embouteillages.
Le métro d'Ispahan est en cours de construction depuis juin 2001. Il comprend une ligne prioritaire de 12,5 kilomètres, qui s'étend du nord au sud de la ville (entre les deux terminaux de bus d'Ispahan, le terminal Kaveh au nord et le terminal Soffeh au sud) dont la construction est divisée en deux phases. La première phase est la construction de la partie nord, et la seconde la construction de la partie sud. La phase I devrait être terminée en 2007, et la phase II a commencée en 2005.
Le système de transport en commun ferroviaire d'Ispahan pourrait être renforcé par une ligne de banlieue, dont la construction est en projet, afin de relier la municipalité d'Ispahan au complexe industriel de Mobarakeh et à la ville de Majlesi, au sud-ouest de la ville. Ispahan dispose également d'une gare ferroviaire intégrée au réseau iranien, qui est le terminus d'un itinéraire établi Téhéran-Qom-Ispahan.
La ville dispose aussi d'un aéroport international, l'aéroport international Shahid Beheshti.


Monuments notables
La Mosquée du vendredi est aussi appelée grande mosquée ou vieille mosquée, par opposition à la mosquée du Shah. Elle a été édifiée à partir du Xe siècle. Beaucoup remaniée au cours du temps, et en particulier sous les Safavides, elle est reliée à la nouvelle ville via le Grand Bazar.
Place Naghsh-e Jahan
La Place Naghsh-e Jahan est une des plus grandes places du monde : 500 m sur 160 m. Elle date de 1612 et a été conçue par Shah Abbas Ie. Elle servait à l'origine de terrain de polo et de terrain de présentations des troupes militaires, évènements auxquels le Shah et la cour pouvaient assister depuis la terrasse du palais `Ali Ghapu. Tout autour de cette place dans des galeries sont situées des échoppes de commerçants et d'artisans.
Elle est maintenant aménagée en place publique avec pelouses, bassins et allées. Autour de la place, aux quatre points cardinaux se situent quatre bâtiments :
· La mosquée de l'imâm, aussi appelée mosquée du Shah.
· La mosquée du Sheikh Lutfallah
· Le palais de `Ali Ghapu.
· Le bazar.
Un passage souterrain permettait de passer du palais de `Ali Ghapu à la « Mosquée du Sheikh Lotfollah » ce qui permettait aux femmes d'aller à la mosquée sans être vues, d'où le nom de « Mosquée des femmes » qu'on lui donne parfois.
· Le palais de Chehel Sotoun
Le palais de Chehel Sotoun est un palais royal Safavide au nord-ouest du complexe de Ali Qapu. Mesurant 57,80 x 37 mètres, ce monument majeur du règne de Shah 'Abbas II était utilisé pour les cérémonies de couronnement et pour la réception des ambassadeurs étrangers. Le palais est situé au milieu d'un jardin qui faisait à l'origine 7 hectares, situé entre la meydān-e Naghsh-e Jahan
et le chāhār bāgh. A l'est s'étend un long et étroit bassin rectangulaire (115 x 16 mètres environ), dans lequel il se reflète.
Ce bâtiment, dont la datation reste très discutée, a sans doute été élevé sous le règne de Shah Abbas II, puis redécorer dans les années 1870. Il s'agit d'un édifice rectangulaire, comportant 20 colonnes qui se reflètent dans le bassin faisant face au bâtiment (chehel soutoun signifie quarante colonnes en persan).
Dans ce palais, Shah Abbas II et ses successeurs recevaient les dignitaires et les ambassadeurs; ou sur la terrasse ou dans un des halls de réception.
Le chehel Soutoun est décoré de grandes peintures historiques, exaltant la magnanimité ou le courage guerrier des différents grands souverains de la dynastie.
· Le palais de Hasht Behesht
Le Hasht Behesht (les « huit paradis »), est constitué d’un pavillon comportant huit petites entités disposées autour d’une grande salle sous coupole à quatre iwans. De petites voûtes couronnent les salles secondaires, décorées de miroirs qui rendent les surfaces mouvantes. Le décor extérieur, en céramique, est remarquable par l’emploi extensif du jaune. On situe cet édifice dans les années 1671.
· Les ponts
Le pont-barrage Khwaju sur la rivière Zayandeh est Le plus ancien pont date de l'époque seldjoukide sur les fondations d'un pont d'époque sassanide. Les autres datent de l'époque séfévide.
Le pont Allahverdi Khan, aussi appelé pont « aux trente-trois arches » ; Si-o-se Pol en persan ; a été érigé par ordre du premier ministre géorgien de Shah Abbas, Allaverdi Khan, vers 1608. Il se place dans la continuité du Chāhār Bāgh. Avec ses arcades, dans les côtés et dans la base, il offre ainsi une possibilité de promenade à plusieurs niveaux, selon la hauteur de l’eau. Il sert évidemment de lieu de passage, mais aussi de barrage, pour réguler le cours du fleuve. En le traversant, l’eau donne lieu à un effet de grande fontaine grâce aux emmarchements. À côté se trouve un talār, le kiosque des miroirs, d’où le souverain pouvait observer le fleuve.
Le pont Khwaju est le deuxième grand pont d’Ispahan, édifié cinquante ans après le Pont Allahverdikhan. Il présente une structure identique et légèrement complexifiée, avec des brise-flots en éventail, permettant des effets d'eau plus spectaculaires.
Menār Jombān
Menār Jombān, ou le « minaret mouvant » est une curiosité architecturale d'Ispahan. Un iwan surmonté de deux minarets a été érigé au-dessus de la tombe de Amu Abdollah Soqla, un ermite enterré là au début du XIVe siècle. L'iwan mesure 10 mètres de haut sur 10 mètres de large, les minarets font sept mètres de plus pour quatre mètres de circonférence. Les minarets datent a priori de l'époque safavide, et sont construits de telle façon que quand l'un est remué par l'homme, le second se met à bouger à l'unisson. Des morceaux de bois ont en effet été placé dans la structure des minarets pour faciliter leur déplacement.

Les arts et l'artisanat

La ville d'Ispahan est un centre de majeur d'artisanat traditionnel iranien depuis la période safavide. Les objets produits sont divers : textiles (surtout les textiles imprimés), tapis, céramique et faïence, travail du bois, du métal et gravures.
Les artisans travaillent dans des conditions diverses, que ça soit dans des ateliers du bazar ou à l'extérieur de la ville, dans leurs propres maisons ou encore dans des ateliers situés à l'extérieur de la ville.
L'école de peinture d'Ispahan à l'époque Qadjar est parfois considérée comme la meilleure d'Iran, et la ville est un grand centre de production de qalamdān (boîtes laquées en papier mâché, généralement destinées à contenir des calames).

Tapis
Il est généralement accepté parmi les spécialistes que ce sont les Safavides qui ont fait passer le tapis d'une production artisanale assurée par des tribus nomades au statut d'« industrie nationale » dont les produits étaient exportés en Inde, dans l'Empire ottoman et en Europe. Les ateliers de tapis royaux existaient à Ispahan, Kashan et Kerman. Depuis l'époque Safavide, Ispahan est resté un centre urbain important de production de tapis.

Gaz
une particularité culinaire d'Ispahan
Le Gaz est une spécialité culinaire d'Ispahan, un bonbon préparé à partir de gaz angobin, d'eau, de blancs d'oeufs et de pistaches ou d'amandes. Le gaz angobin est un exsudat sucré produit par des arbustes du genre Astragalus. Le gaz angobin est comparable à du miel et il est utilisé en Iran depuis des siècles.
Les gaz sont produits en grande majorité à Ispahan, à partir de gaz angobin récolté à Kānsār, dans la province d'Esfahan.

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